New York -- La flambée épidémique d’Ebola menace les moyens de subsistance de millions de femmes et d’hommes, selon une récente étude du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur les répercussions socio-économiques de la maladie en Afrique de l’Ouest.
« La maladie tue des personnes qui sont économiquement actives, ce qui entraîne une réduction des revenus et des destructions d’emplois dans tous les secteurs », a indiqué Ayodele Odusola, l’économiste en chef du Bureau régional pour l’Afrique du PNUD.
Cette étude a montré que les femmes et les hommes économiquement actifs étaient proportionnellement plus nombreux à être infectés que d’autres groupes. En Sierra Leone, par exemple, 65 pour cent des malades étaient dans le groupe d’âge des 15-49 ans.
En outre, les femmes courent plus de risques que les hommes de contracter la maladie du fait de leur rôle comme dispensatrices de soins dans leurs familles et dans leurs communautés. Par exemple, elles représentent 62 pour cent des malades à Guéckédou (Guinée), où l’épidémie est apparue pour la première fois, et jusqu’à 74 pour cent à Télémilé, au nord de la capitale, Conakry.
Cela a des répercussions sur l’économie, notamment sur le secteur agricole qui a été touché de plein fouet. Les femmes représentent 70 pour cent des personnes qui travaillent dans la culture et la vente de pommes de terre en Guinée, tandis qu’au Liberia, elles représentent plus de la moitié de la main d’œuvre agricole et environ deux tiers des personnes qui travaillent dans le commerce des produits agricoles.
La fermeture des frontières et des marchés et la mise en place de points de contrôle et de quarantaines réduisent également la capacité des gens à gagner leur vie. Par exemple, de nombreux exploitants agricoles ne peuvent pas se rendre sur leurs terres, et lorsqu’ils le peuvent, ils n’ont pas assez de semences ou d’ouvriers pour les plantations et les récoltes.
En Sierra Leone, le revenu par habitant a diminué de 71 dollars entre janvier et octobre, et 97 pour cent des personnes interrogées récemment dans le cadre d’une enquête ont indiqué une baisse de leurs revenus tirés de l’agriculture, du petit commerce et de la prestation de services. Dans le comté de Lofa, au Libéria, la plupart des femmes n’ont pas pu rembourser leurs dettes depuis juillet. La microfinance, la principale source de financement pour un grand nombre de micro et petites entreprises, a été anéantie en raison de prêts non remboursés et du décès de nombreux participants.
En outre, la crise détruit des emplois. En Guinée, environ 1 500 emplois ont été perdus dans le secteur des transports et 42 000 dans le secteur des pommes de terre. Depuis que les cours ont été suspendus, 27 000 enseignants et agents administratifs de l’enseignement privé se retrouvent sans emploi en Guinée et 40 000 au Libéria. Les personnes ayant des emplois précaires seraient particulièrement affectées.
En Sierra Leone, il y a eu des pertes d’emploi dans tous les secteurs en raison de la flambée épidémique. Par exemple, la plus grande brasserie du pays a réduit le volume de ses activités, ce qui a entraîné la perte de 24 000 emplois dans la filière. Ce chiffre ne représente qu’une petite partie de l’explosion du nombre de pertes d’emplois à prévoir pendant cette crise.
Le rapport préconise de renforcer les programmes de prêt officiels et privés et la microfinance pour appuyer les coopératives et les petites entreprises. Étant donné que l’agriculture emploie plus de 70 de la main-d’œuvre dans ces pays et nourrit des millions de personnes, le rapport demande également à la communauté internationale d’intensifier son aide à la production de denrées alimentaires, par des allocations en espèces, du matériel et des semences.
En parallèle, il est essentiel de promouvoir les exportations de denrées alimentaires et d’autres produits de base afin de préserver les emplois et les moyens d’existence de ceux qui font le commerce de ces produits, tout en continuant de perfectionner leurs compétences afin de s’assurer que les entreprises pourront survivre et se développer une fois la crise terminée.
Contacts
Nicolas Douillet, Chargé de Communications, PNUD Afrique. Tel: +1.212.906.5937. Nicolas.douillet@undp.org
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