Bulletin d’information sur les flambées en cours
5 AVRIL 2014 - Au 4 avril 2014, le Ministère de la Santé de Guinée avait notifié un total cumulé de 143 cas cliniques compatibles avec la maladie à virus Ebola, dont 54 ont été confirmés au laboratoire par PCR. Ce nombre total inclut 86 décès (taux de létalité de 60%). De nouveaux cas ont été signalés à Conakry, Guékédou et Macenta; 23 patients sont actuellement placés en isolement. La date de survenue du cas le plus récent confirmé en laboratoire est le 3 avril.
Les nombres actuels des cas cliniques, confirmés et des décès par lieu de notification sont les suivants: Conakry (18 cas, dont 5 mortels), Guékédou (85 cas/59 décès), Macenta (27 cas/14 décès), Kissidougou (9 cas/5 décès) et Dabola et Djingarayé réunis (4 cas/3 décès). La maladie à virus Ebola a été confirmée au laboratoire pour 16 des 18 cas cliniques à Conakry.
Il n’y a pas eu d’augmentation du nombre des agents de santé touchés, qui demeure inchangé depuis les 14 signalés précédemment (parmi lesquels il y a eu 8 décès); 11 de ces cas ont été confirmés en laboratoire. Globalement 16 des 86 décès ont été confirmés en laboratoires, 65 sont classés comme des cas probables et 5 comme des cas suspects.
Les investigations sur les cas et la recherche des contacts se poursuivent, avec 623 contacts nécessitant un suivi médical, parmi lesquels 74 nouveaux contacts ont été identifiés depuis le 3 avril, tandis que, pour 49, la mise en observation a pris fin car ils sont restés en bonne santé après la période d’incubation maximale de 21 jours pour la maladie à virus Ebola après la dernière exposition à un cas.
Le soutien des laboratoires pour les investigations est apporté par l’Institut Pasteur à Dakar (Sénégal) et un laboratoire mobile à Guékédou. L’Institut Pasteur à Lyon (France), l’Institut Bernhard-Nocht de Médecine tropicale à Hambourg (Allemagne) et le laboratoire du Centre International de Recherche en Infectiologie (CIRI) à Lyon (France) assurent les fonctions de laboratoires de référence.
En collaboration avec les partenaires techniques du Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie (GOARN), l’OMS a déployé une aide aux laboratoires sur le terrain, ainsi que des experts en anthropologie, en épidémiologie, en logistique, en prise en charge clinique des cas et en prévention et lutte contre les infections, ainsi que pour la coordination de la riposte à cette flambée en Guinée.
Depuis le 24 mars, le Ministère de la Santé et des Affaires sociales du Libéria a notifié 18 cas suspects et 2 cas confirmés de maladie à virus Ebola, parmi lesquels 7 décès (taux de létalité de 31%); 7 patients sont actuellement placés en isolement tandis que 2 cas suspects sont sortis de l’hôpital. Quatre nouveaux cas cliniquement compatibles ont été notifiés le 4 avril. L’un des cas suspects est un agent de santé. Les 2 cas confirmés en laboratoire, des sœurs du comté de Lofa, sont décédés.
Parmi les cas suspects, il y a un chasseur traité dans un hôpital à Tapita (comté de Nimba), mort peu après s’être présenté à l’établissement de santé et un petit garçon de trois ans présentant une maladie compatible et venu récemment de Guinée. Le chasseur mort n’avait pas d’antécédents de contacts avec des cas connus au Libéria ou en Guinée et l’on enquête sur son exposition pour exclure la possibilité d’une transmission à partir d’une source animale (viande de brousse). On attend les résultats de laboratoire pour les deux cas suspects.
Le ministère a placé 46 contacts sous observation médicale, dont ceux en rapport avec le deuxième cas confirmé qui a voyagé de Foyah (comté de Lofa) à Monrovia (comté de Montserrado), puis à Firestone (comté de Margibi). Au total, 21 échantillons cliniques ont été envoyés à Conakry (Guinée) pour des analyses de laboratoire. Les comtés du Libéria pour lesquels on a des inquiétudes quant à la maladie à virus Ebola sont Lofa, Bong, Nimba, Margibi et Montserrado.
En réponse, le Libéria a intensifié les activités pour éviter une nouvelle propagation de la maladie. Un groupe spécial national tient des réunions de coordination quotidiennes avec les partenaires de la riposte. L’OMS continue de fournir au ministère une expertise technique, y compris pour la communication avec le grand public, et donne des informations de haut niveau sur la prévention et la lutte contre la maladie à virus Ebola aux sessions conjointes des deux chambres du Parlement. Elle mobilise des experts en épidémiologie et en lutte anti infectieuse.
Le bureau de l’OMS au Libéria travaille en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé et des Affaires sociales pour évaluer les besoins dans certains domaines, comme les achats et la chaîne d’approvisionnement pour le matériel et les équipements essentiels dans la riposte à la flambée.
L’OMS coopère aussi avec l’équipe des systèmes d’information sanitaire au ministère pour continuer d’élaborer des modèles servant à la collecte des données basées sur les cas et au suivi de l’aide technique. Des déploiements supplémentaires d’experts régionaux et de partenaires du GOARN sont prévus pour soutenir les activités de coordination, la lutte contre l’infection et la prévention, la communication sur le risque et la mobilisation sociale.
À la demande du Ministère de la Santé et de l’OMS, le laboratoire Metabiota à Kenema (Sierra Leone) va installer une PCR en temps réel spécifique pour le virus Ebola Zaïre, une PCR pour les filovirus, une PCR pour le virus de Lassa et des PCR pour la fièvre jaune et le virus de Marburg, parmi d’autres essais. Cette technologie est transférée depuis le laboratoire de Kenema (Sierra Leone). Metabiota assurera également la formation du personnel de laboratoire au Libéria.
L’OMS, le HCR, MSF, Save the Children et d’autres partenaires ont envoyé des fournitures et équipements médicaux, dont des équipements de protection individuelle, aux établissements de santé. Sept unités de soins en isolement ont été installées dans cinq comtés. Médecins sans Frontières (MSF) organise des formations destinées aux agents de santé dans les comtés affectés portant sur la prise en charge des cas et sur la mise en place des installations de soins en isolement. Soixante agents de santé supplémentaires ont été formés dans le comté de Margibi.
Les activités d’éducation communautaire et de mobilisation sociale ont reçu un appui important des secteurs des médias et des télécommunications au Libéria. Les responsables publics locaux, les chefs des communautés, les chefs religieux et les tradipraticiens ont été approchés pour soutenir le Ministère dans ses activités de prévention et de lutte. Il faudra néanmoins des ressources supplémentaires pour étendre les activités de surveillance, de promotion de la santé et de mobilisation sociale aux écoles, aux rassemblements religieux, aux marchés et sur les lieux de travail. Des plans sont aussi en cours pour mobiliser le grand public au moyen de visites porte à porte.
Le Ministère de la Santé du Mali a notifié à l’OMS quatre cas suspects de fièvre hémorragique virale qui se sont présentés pour des soins à Sibiribougou, dans la région malienne de Koulikoro. Deux des cas suspects étaient venus de Guinée. Les patients ont été placés en isolement en attendant les résultats des investigations épidémiologiques et des analyses de laboratoire. La recherche des contacts est en cours.
Des échantillons cliniques ont été envoyés pour analyse aux Centers for Disease Control and Prevention à Atlanta (États-Unis d’Amérique). La surveillance épidémiologique est renforcée sur le terrain et des équipes d’intervention rapide sont mobilisées pour identifier et traiter les cas suspects, si de nouveaux venaient à se présenter. Une unité de soins en isolement a été préparée à Bamako et d’autres unités sont en cours d’installation dans d’autres endroits. Des permanences téléphoniques ont été mises à la disposition du grand public.
La situation en Sierra Leone n’a pas évolué après le décès des deux cas probables de maladie à virus Ebola dans une famille qui sont morts en Guinée et dont les corps ont été rapatriés en Sierra Leone. Le Bureau du Directeur de la Santé coordonne toutes les opérations concernant les cas suspects d’infection à virus Ebola, ainsi que les investigations pour le suivi. Les activités de surveillance renforcée et d’éducation du grand public se poursuivent.
De hauts responsables du Ministère de la Santé et de l’Assainissement ont visité les postes-frontières entre la Sierra Leone et la Guinée pour sensibiliser les autorités frontalières aux plans actuels de prévention et de riposte et les responsables de la santé publique visitent les communautés frontalières pour y soutenir les activités de mobilisation sociale.
Le laboratoire Metabiota à Kenema, travaillant sous l’égide du Ministère de la Santé et en collaboration avec le bureau de l’OMS en Sierra Leone, a mis en place toute une série d’essais spécifiques du virus Ebola et de diagnostics différentiels pour d’autres fièvres hémorragiques virales importantes localement endémiques. La gamme complète des essais est décrite dans la section du présent rapport sur les activités de Metabiota au Libéria.
La situation évoluant rapidement, des changements interviendront quotidiennement dans le nombre de cas notifiés, de décès, de contacts sous observation médicale et de résultats de laboratoire, en raison de la surveillance renforcée et des activités pour rechercher les contacts, des analyses de laboratoire en cours, de la synthèse du nombre des cas, ainsi que des données sur la recherche des contacts et les investigations des laboratoires.
Sur la base des informations actuellement disponibles concernant cet événement, l’OMS ne recommande pas que des restrictions aux voyages ou aux échanges commerciaux soient imposées à la Guinée, au Libéria, au Mali ou à la Sierra Leone.