Pas d’école et pas de chance
De nouveaux rapports révèlent que de nombreux enfants ne mettront jamais les pieds dans une salle de classe
DAKAR/NAIROBI, 16 juin 2014 – Malgré les progrès importants accomplis au cours de la dernière décennie, l’Afrique subsaharienne abrite toujours plus de la moitié des enfants du monde qui ont l’âge de l’école primaire mais qui ne sont pas scolarisés. En outre, des millions d’enfants qui vont à l’école n’y apprennent pas grand-chose.
À l’occasion de la Journée de l’enfant africain, une série de rapports de l’UNICEF et de l’Institut de statistique de l’UNESCO montrent que plus de 30 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire en Afrique subsaharienne ne sont pas scolarisés. Plus des deux tiers d’entre eux habitent en Afrique de l’Ouest et centrale.
Entre 2000 et 2007, des progrès substantiels ont été réalisés dans l’amélioration de l’accès à l’éducation primaire. Cependant, depuis 2008, on ne progresse plus. Les rapports de l’Initiative mondiale en faveur des enfants non scolarisés révèlent que les chances de pouvoir aller à l’école sont considérablement réduites si l’enfant est une fille, s’il vit dans une famille pauvre, s’il vient d’une zone rurale ou s’il est le chef de famille.
« En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, un enfant sur cinq d’âge scolaire n’entrera jamais dans une salle de classe, » a affirmé Manuel Fontaine, Directeur régional à l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et centrale. « Il faut davantage de classes et d’enseignants qualifiés mais cela ne suffira pas pour amener à l’école les millions d’enfants qui sont les plus marginalisés. Souvent, les familles n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité ou les fournitures scolaires de base. »
« La région Afrique de l’Ouest et centrale a le taux le plus élevé du monde d’enfants non scolarisés, soit 28 %, ce qui signifie qu’environ 19 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire dans cette région sont exclus de l’éducation scolaire, » a constaté Ann Therese Ndong-Jatta, Directrice du Bureau régional de l’UNESCO pour le Sahel. « Ceci est pour une bonne part dû à deux facteurs : premièrement, les pays concernés doivent se défaire d’un héritage historique d’accès limité à l’éducation scolaire pour les populations des zones rurales. Deuxièmement, ces pays ont du mal à répondre à la demande d’une éducation de qualité exprimée de plus en plus fortement par une population d’âge scolaire croissante. »
Le second problème urgent à résoudre, relevé par l’Initiative mondiale en faveur des enfants non scolarisés, est la mauvaise qualité de l’éducation offerte par de nombreuses écoles. Un problème souvent appelé « crise de l’enseignement ».
« Des classes surchargées, du matériel pédagogique en quantité insuffisante et un manque d’enseignants font qu’un grand nombre d’enfants redoublent et abandonnent l’école sans avoir acquis les connaissances de base, » a affirmé Leila Gharagozloo-Pakkala, Directrice régionale à l’UNICEF pour l’Afrique de l’Est et australe. « Ceci est particulièrement préoccupant étant donné les liens étroits qui existent entre les acquis de l’enseignement et les économies nationales. »
Les rapports soulignent qu’il importe de s’attaquer au problème de la pauvreté liée à des revenus insuffisants ainsi qu’à ceux de la situation géographique et de l’appartenance sexuelle. Ils insistent sur le fait que la culture, la langue, la sécurité et l’environnement sont des considérations essentielles pour l’amélioration de l’éducation. Les rapports font également ressortir la nécessité d’une meilleure analyse et de davantage de planification fondée sur des données factuelles afin d’atteindre les enfants exclus.
« Continuer comme avant ne marche pas, » a déclaré Mohamed Djelid, Directeur du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Est. « Des efforts spéciaux sont nécessaires pour réduire les dépenses réelles imposées aux familles pour envoyer leurs enfants à l’école. Les parents doivent être encouragés à garder leurs enfants à l’école, particulièrement les filles issues des communautés marginalisées et des groupes vulnérables ainsi que les enfants handicapés qui courent souvent le risque de ne pas être scolarisés ou d’abandonner l’école. »
L’UNICEF et l’UNESCO demandent aux gouvernements africains et aux donateurs de recentrer leurs efforts pour dispenser une éducation scolaire gratuite et de qualité. Le but ultime est de faire en sorte que tous les enfants, quelle que soient leur origine ou leur situation, soient à l’école et étudient.
Note aux rédactions Ce rapport a été réalisé dans le cadre de l’Initiative mondiale en faveur des enfants non scolarisés, un partenariat entre l’UNICEF et l’Institut de statistique de l’UNESCO qui travaille dans une trentaine de pays pour déterminer qui sont les enfants non scolarisés et pourquoi ils le sont ainsi que pour définir des stratégies leur permettant d’accéder à l’école.
Appuyée par de nombreux partenaires, dont le Partenariat mondial pour l’éducation, le second volet de l’Initiative mondiale en faveur des enfants non scolarisés est déjà en cours, et plus de vingt nouveaux pays y participent.
Pour plus d’information à propos des rapports, rendez-vous sur : http://www.unicef.org/education/bege_61659.html
À propos de l’UNESCO et de son Institut de statistique En tant qu’agence pilote coordonnant la campagne internationale destinée à parvenir à l’Éducation pour tous (EPT), l’UNESCO collabore avec un vaste éventail de partenaires pour faire de l’éducation une des toutes premières priorités des programmes internationaux, régionaux et nationaux. L’Institut de statistique de l’UNESCO est la source officielle de données utilisées pour effectuer un suivi des progrès vers l’EPT et des objectifs qui y sont liés. Pour d’autres données sur les enfants non scolarisés, veuillez vous rendre sur www.uis.unesco.org
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