La fièvre Ebola continue de sévir en Afrique de l’Ouest. Bien que l’épidémie donne des signes d’évolution positifs, elle est loin d’être terminée et il est encore bien trop tôt pour relâcher les efforts, l’objectif étant de parvenir à une éradication totale. Si le virus poursuit sa progression dans les trois pays les plus gravement touchés et se propage aux pays voisins, ses répercussions économiques régionales pourraient atteindre 32,6 milliards de dollars d’ici la fin de l’année 2015, ce qui infligerait un coup catastrophique à des États déjà fragiles. L’ampleur de cet impact, qui est notamment alimenté par la peur de la contagion, dépendra de la capacité des interventions nationales et internationales à endiguer l’épidémie et à atténuer les réactions de panique.
Une étude récente du Groupe de la Banque mondiale indique que la crise Ebola continue de paralyser les économies de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone, avec des estimations de croissance sévèrement revues à la baisse pour 2014 et des prévisions de déclin voire de croissance négative l’année prochaine. D’autres travaux récents consacrés à la situation au Libéria ont révélé que l’épidémie d’Ebola a un impact considérable sur tous les secteurs d’emploi de l’économie et que pratiquement la moitié de la population en activité dans le pays au moment où la crise s’est déclenchée ne travaillait plus début novembre 2014.
Face à cette situation de crise, la réponse d'urgence du Groupe de la Banque mondiale consiste à apporter son soutien aux efforts de lutte contre la propagation de l’épidémie tout en renforçant les systèmes de santé publique en Afrique de l’Ouest et en aidant les pays concernés à faire face aux conséquences économiques de la crise sanitaire, ce qui consiste notamment à y soutenir le commerce extérieur, l’investissement et l’emploi. Cette aide s’inscrit dans la ligne fixée par la feuille de route de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et dans le cadre d’une étroite collaboration avec les Nations Unies de même qu’avec les autres partenaires internationaux et nationaux.
Afin de faire en sorte que la communauté internationale réagisse plus rapidement aux situations d’urgence sanitaire, le Groupe de la Banque mondiale a appelé à la création d’un nouveau mécanisme de riposte d’urgence aux pandémies destiné à débloquer sans tarder des fonds vers les pays concernés. Il a par ailleurs créé un fonds fiduciaire pour la reprise et la reconstruction, qui vise à remédier au plus vite aux répercussions économiques et sociales de la crise Ebola dans la région.
Le point de la situation
Le Groupe de la Banque mondiale mobilise actuellement près d’un milliard de dollars à l’intention des pays les plus éprouvés par la crise. Cette somme comprend une enveloppe de 518 millions de dollars destinée à la riposte d’urgence et un financement d’au moins 450 millions de dollars provenant de la Société financière internationale (IFC) et visant à soutenir le commerce, l’investissement et l’emploi en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.
L’enveloppe de 518 millions de dollars aide ces trois pays à apporter les soins et les traitements nécessaires, à contenir et prévenir la propagation des infections, à accompagner les communautés confrontées aux répercussions économiques de la crise et à améliorer les systèmes de santé publique, ce qui consiste notamment en :
l’achat de fournitures et de médicaments de première nécessité, d’équipements de protection individuelle et de matériels de prévention des infections, ainsi que dans le financement de la formation des personnels de santé, des primes de risque et des indemnités de décès pour les soignants et bénévoles victimes du virus Ebola, des opérations d’identification des contacts, des véhicules, du matériel de gestion des données et des missions sanitaires de porte-à-porte pour informer les populations ;
la mise en place d’un pôle de coordination pour le recrutement, la formation et le déploiement de personnels de santé étrangers qualifiés reposant sur une étroite collaboration avec les trois pays concernés, l’OMS et le principal centre de coordination Ebola de l’ONU installé au Ghana, entre autres organismes partenaires ;
l’apport d’un soutien budgétaire visant à aider les autorités de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone à faire face aux répercussions économiques de l’épidémie, et le financement de programmes de protection sociale au bénéfice des populations de ces trois pays.
Sur cette enveloppe de 518 millions de dollars, 123 millions ont déjà été mis à la disposition des pays et organismes d’exécution, et sont répartis comme suit : 58 millions de dollars sont alloués au Libéria, 34 millions, à la Sierra Leone, et 25 millions, à la Guinée. Sur ces 123 millions de dollars, un financement de 105 millions a été approuvé par le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale le 16 septembre 2014 ; il est constitué d’argent frais versé sous la forme de nouveaux dons provenant du Mécanisme de réponse aux crises (CRW) de l’IDA. Les autres 12 millions résultent de la réaffectation, en août 2014, de fonds alloués à des projets sanitaires au Libéria et en Sierra Leone (à hauteur de 6 millions de dollars pour chacun des deux pays), cette opération visant à libérer des financements sans délai tout en profitant des capacités d’exécution déjà mises en place dans le cadre de ces projets. Six millions ont par ailleurs également été réaffectés dans le cadre d’un projet entrepris en Guinée. Le 18 novembre, le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale a approuvé l’octroi de 285 millions de dollars sous la forme de nouveaux dons provenant du CRW et comprenant 72 millions de dollars pour la Guinée, 115 millions pour le Libéria, et 58 millions pour la Sierra Leone.
L’enveloppe de 518 millions de dollars comprend également 100 millions de dollars de financements provenant de l’IDA et du CRW et destinés à des opérations d’appui aux politiques de développement. Sur ces 100 millions de dollars, le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale a déjà approuvé, le 13 novembre, un financement de 50 millions de dollars pour la Guinée et, le 12 novembre, un financement de 30 millions de dollars pour le Libéria. Il examinera le financement destiné à la Sierra Leone dans les prochaines semaines.
Sur les 450 millions de dollars fournis par l’IFC pour des financements commerciaux visant à soutenir le commerce extérieur, l’investissement et l’emploi en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, 250 millions sont destinés à un programme d’intervention rapide qui contribuera à assurer la poursuite des opérations commerciales et de la fourniture de biens et de services essentiels. Un financement de 200 millions de dollars est en outre consacré à un programme de redressement d’après-crise qui financera des projets de moyen et long-terme. L’IFC fournit également des services-conseil à 800 petites et moyennes entreprises sur des questions de santé, de sécurité et d’environnement liées au virus Ebola.
Les organismes de l’ONU (notamment l’UNICEF, l’OMS, l’UNOPS, le FNUAP et le PAM) mettent en œuvre certaines des activités financées par la riposte d’urgence du Groupe de la Banque mondiale. Les financements du Groupe aident le PAM à accroître ses interventions face à l’urgence de la crise Ebola. Ces fonds ont été mis à contribution dans les opérations suivantes:
Libéria : L’UNICEF a pu acquérir et acheminer 100 tonnes de fournitures médicales et d’hygiène, à savoir notamment plusieurs centaines d’équipements de protection individuelle, des gants en latex, des thermomètres, des seringues et d’autres fournitures médicales destinées à reconstituer les stocks en voie d’épuisement de nombreux dispensaires du pays.
Sierra Leone: L’UNICEF a d’abord acheté et acheminé 48 tonnes de fournitures et de médicaments essentiels à destination des centres de traitement de la fièvre Ebola (antibiotiques et autres médicaments indispensables, canules, combinaisons protectrices pour les personnels de santé, 7 440 paires de gants en latex, housses mortuaires), avant d’expédier par avion 100 tonnes de médicaments et d’équipements (combinaisons de protection, antibiotiques, solutions intraveineuses et chlore). Le FNUAP a livré 38 motos et 13 ordinateurs. Le PAM a acheminé par avion 30 ambulances et véhicules pour le transport des corps, ce qui permettra d’améliorer la mobilité et de réduire le temps de réponse ; il a également apporté 4 000 tonnes de nourriture destinées aux patients des centres de traitement et de prise en charge des cas suspects ainsi qu’aux habitants des zones placées en quarantaine, au bénéfice de 300 000 ménages.
Guinée : L’UNICEF a acheté et expédié au ministère de la Santé 28 véhicules neufs tout-terrain, qui fournissent un soutien logistique terrestre indispensable aux équipes de traitement, de supervision, d’identification des contacts et d’inhumation qui opèrent dans le pays. Un deuxième lot de véhicules comprenant 10 ambulances et autres véhicules et fournitures sert actuellement au transport des patients et aux opérations d’identification des contacts dans les villages éloignés et difficiles d’accès. L’UNICEF a également pu acquérir et expédier une cargaison de 57 tonnes de fournitures et matériel comprenant 4,5 millions de gants, 50 tentes, des médicaments et des compléments alimentaires.
Le Groupe de la Banque mondiale s’emploie en outre à aider d’autres pays de la région à mettre en place des plans d’urgence contre Ebola, à l’instar, dernièrement, de la Côte d’Ivoire.