Freetown, Sierra Leone | AFP | vendredi 05/12/2014 - 19:39 GMT
Une campagne de prévention contre le paludisme visant la moitié de la population de Sierra Leone a été lancée vendredi, ce qui devrait réduire l'affluence dans les centres de santé déjà débordés par l'épidémie d'Ebola dans ce pays.
Dans le cadre de cette campagne, plus de 9.300 agents de santé spécialement formés feront pendant trois jours du porte-à-porte dans les provinces où le risque de contracter le virus Ebola est le plus élevé, ont indiqué les autorités sierra-léonaises et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), qui organisent l'opération.
L'objectif est de distribuer des médicaments contre le paludisme à environ 2,5 millions de personnes, sur six millions d'habitants au total, ont-ils précisé.
Le paludisme et la fièvre Ebola ont des symptômes similaires (forte fièvre, maux de têtes et douleurs articulaires), occasionnant des erreurs de diagnostic souvent fatales.
"Le paludisme est la maladie qui tue le plus en Sierra Leone mais les patients qui peuvent être infectés ne vont pas se soigner, par peur d'être rejetés des centres de santé" après avoir été diagnostiqués comme cas suspects d'Ebola, a déclaré Roeland Monasch, un responsable du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).
"Les gens meurent dans leurs communautés faute de traitement ou à la suite d'un faux diagnostic. Cette campagne sera à la fois bénéfique à la lutte contre le paludisme et Ebola", a-t-il ajouté.
Samuel Juana Smith, un responsable du Programme national de contrôle du paludisme, estime que le parasite, transmis par les moustiques, représente une forte proportion des 60% de tests négatifs à l'Ebola. Selon lui, la plupart des malades se présentant aux centres de traitement de l'Ebola souffrent en fait de paludisme.
L'épidémie d'Ebola a causé plus de 6.100 décès, recensés essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, les trois pays les plus affectés, faisant s'effondrer leurs systèmes de santé déjà fragiles.
L'ONG Médecins sans frontières (MSF), en première ligne sur le terrain contre l'épidémie, mène depuis octobre au Liberia une campagne de prévention contre le paludisme visant 300.000 personnes dans des quartiers défavorisés de Monrovia, la capitale.
"Chaque année, le paludisme fait des victimes au Liberia. Cette pathologie y est endémique. Mais avec l'épidémie d'Ebola, il est devenu très difficile, voire impossible, de se faire soigner" en raison de "l'effondrement du système de santé", avait expliqué MSF au lancement de la campagne.
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