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World: Résilience des systèmes de santé: réflexions sur la crise Ebola en Afrique de l’Ouest

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Source: World Health Organization
Country: Guinea, Liberia, Mali, Sierra Leone, World

Marie-Paule Kienya, David B Evansa, Gerard Schmetsa & Sowmya Kadandalea

a. Organisation mondiale de la Santé, avenue Appia 20, 1211 Genève 27, Suisse.

Correspondance avec Sowmya Kadandale kadandales@who.int

Les pays peuvent être frappés par des flambées épidémiques et par des catastrophes à n’importe quel moment, causant des souffrances humaines, des décès et des pertes économiques à grande échelle. Si les systèmes de santé ne sont pas suffisamment armés pour faire face à ce type de situations, les populations touchées peuvent être extrêmement vulnérables.1

La flambée de maladie à virus Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest montre la façon dont une épidémie peut rapidement proliférer et poser de graves problèmes en l’absence d’un système de santé solide capable de réagir de façon rapide et intégrée. La flambée a commencé en Guinée en décembre 2013 avant de se répandre rapidement au Libéria et en Sierra Leone voisins.2 Début août 2014, la flambée d’Ebola a été déclarée urgence de santé publique de portée internationale.2

Des systèmes de santé défaillants

Au début de la flambée, les systèmes de santé de Guinée, du Libéria et de Sierra Leone avaient une capacité limitée. Plusieurs fonctions du système de santé que l’on considère généralement comme essentielles marchaient mal, ce qui a empêché la mise sur pied d’une riposte appropriée et rapide face à la flambée. Les agents de santé qualifiés n’étaient pas assez nombreux3

L’infrastructure, la logistique, l’information sanitaire, la surveillance, la gouvernance et les systèmes d’approvisionnement en médicaments étaient défaillants. L’organisation et la gestion des services de santé étaient loin d’être optimales. Les dépenses de santé du gouvernement étaient faibles, alors que les dépenses privées – qui prenaient principalement la forme de paiements directs des services de santé par l’usager – étaient relativement importantes.4

Au cours de la dernière décennie, la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone ont vu une augmentation de l’aide extérieure dans le domaine de la santé. Néanmoins, en vertu des objectifs 4, 5 et 6 du Millénaire pour le développement, la plus grande partie de cette aide a été orientée vers la lutte contre l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine, le paludisme et la tuberculose, les sommes restantes étant principalement allouées aux services de santé de la mère et de l’enfant.

Des investissements déséquilibrés

Par conséquent, il ne restait que peu d’aide externe pour soutenir le développement général des systèmes de santé.5 Ce déséquilibre des investissements dans les systèmes de santé contribue aux difficultés de la lutte contre la flambée actuelle de maladie à virus Ebola.

Les systèmes de santé faibles ne peuvent pas être résilients.6–8 Un système de santé solide atténue la vulnérabilité d’un pays face aux risques sanitaires et garantit un niveau élevé de préparation pour limiter les répercussions des crises quelles qu’elles soient.

Souvent, la riposte des gouvernements et des partenaires externes à une crise sanitaire liée à une maladie transmissible comme Ebola est axée uniquement sur la réduction de la transmission et des effets de la maladie. Pourtant, cela ne suffit pas. Les personnes fébriles doivent être dépistées pour vérifier qu’elles n’ont pas été infectées par le virus Ebola, même si la plupart des fièvres sont causées par d’autres infections.

Les personnes pour lesquelles le test se révèle négatif pour le virus Ebola doivent quand même être traitées au lieu d’être simplement renvoyées chez elles. Même dans les régions les plus touchées, les femmes ont besoin de services prénatals, doivent pouvoir accoucher en toute sécurité et doivent avoir accès à des soins postnatals. En cas de maladies sans lien avec le virus Ebola, la plupart des gens se déplacent pour se faire soigner dans des régions où ils pensent que la maladie n’est pas arrivée, ce qui met à rude épreuve le système de santé dans les zones soi-disant «sans Ebola».

Les services ordinaires doivent être assurés tout en faisant face aux effets directs d’une épidémie. Dans le cas contraire, le nombre de décès dus à l’effondrement général des services de santé (pour des causes sans rapport avec le virus Ebola) peut être supérieur au nombre de décès directement dus à la flambée épidémique.

Des réformes pour renforcer les systèmes de santé

Si la flambée actuelle de maladie à virus Ebola n’entraîne pas des investissements importants dans les systèmes de santé et des réformes adéquates dans les pays les plus touchés, les faiblesses préexistantes des systèmes de santé s’aggraveront. Les gouvernements nationaux, aidés par des partenaires externes, doivent élaborer et mettre en œuvre des stratégies visant à rendre leurs systèmes de santé plus solides et plus résilients

Ils pourront ensuite répondre aux besoins essentiels de leurs populations en matière de santé et se préparer correctement aux catastrophes afin de faire face aux urgences à venir. À court terme, les organisations non gouvernementales, internationales et de la société civile devront soutenir les systèmes de santé nationaux à la fois pour atténuer les conséquences directes de la flambée et pour s’assurer que les services de santé essentiels sont opérationnels.

Cette assistance doit néanmoins être coordonnée avec soin sous la direction des gouvernements nationaux et respecter les principes d’efficacité du développement. Les systèmes de santé des régions les plus touchées devraient vraisemblablement être très affaiblis à la fin de la flambée. Espérons qu’une fois que l’épidémie aura pris fin, la croissance économique et les dépenses de santé des gouvernements repartiront à la hausse, avec une augmentation des investissements nationaux dans les systèmes de santé.

Mais pour l’instant, les conséquences économiques négatives sur les pays touchés9 signifient que des financements externes importants seront nécessaires afin de bâtir des systèmes de santé nationaux et infranationaux plus solides.

Références


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